Une jeune ménagère, heureuse de poser pour le photographe, qui se délecte déjà de la tarte à naître. Notez les appareils ménagers, derrière. Modèles des années 1930 !
À chacun son scénario : cette famille était peut-être une des rares de leur localité à posséder une automobile, signe de sa prospérité. Il fallait donc que tout le monde paraisse très sérieux sur la photo officielle. Non daté, mais assurément de la décennie 1910.
La jeunesse est le temps des plus magnifiques excès. Je plains les jeunes qui ne s’y prêtent pas ! Comme historien et romancier, j’ai toujours été fasciné par les mouvements de jeunesse : les jitterbugs des années 1940, l’âge d’or du rock des années 1960, le punk de 1977-78. Beaucoup de gens ignorent que le tout premier mouvement de jeunesse nord-américain était féminin et s’est concentré au cours des années 1920. Si l’on parle de cette décennie comme des « années folles », je puis vous assurer que la présence des jeunes femmes y est pour beaucoup dans cette dénomination. Les historiens prétendent que le 20e siècle est né à la fin de la Première guerre mondiale. Je le crois aussi. Les années 1900 à 1918, malgré quelques changements, étaient encore imprégnées des valeurs de l’époque victorienne. Les jeunes garçons riches étudaient et les pauvres se rendaient dans les usines, les mines et les manufactures. Quant aux jeunes filles : mariage et s’y préparer dès l’enfance. L’idée que ces jeunes pouvaient s’amuser librement était à peu près impossible sans la présence d’adultes autour d’eux. La guerre envoyant (trop) de garçons vers la boucherie européenne, en Amérique du Nord, des jeunes femmes travaillent pour le conflit. L’argent gagné, même si elles étaient sous-payées, apporte une certaine liberté impensable avant la guerre. Afin que ces travailleuses se sentent à l’aise, les vêtements s’allègent. Pour la première fois, jupes et robes révèlent un peu de jambes. Le corset allait entrer dans les musées. Le cinéma, pour sa part, entre dans une phase de qualité, où le vedettariat allait prendre de l’expansion. Les premiers disques de jazz apparaissent en 1917, rendant les artistes précédents fort désuets. La fin de la guerre signifait : adieu la misère ! Le temps de vivre est maintenant arrivé ! La liberté allait être à la mode ! La stabilité économique de la décennie 1920 et cette philosophie positive allait grandement influencer les jeunes filles, celles qui étaient nées vers 1909-1911. Le mouvement de jeunesse féminine s’appelait flapper ! (En France, ils disent garçonne – terme que je déteste.) Ci-haut, l’actrice flapper Colleen Moore, responsable de la coiffure courte avec toupet et pointes, qu’elle avait empruntée aux poupées japonaises.
Le mouvement flapper n’est pas apparu du jour au lendemain. Si la mode vestimentaire féminine avait beaucoup changé au début des années 1920, ce qui est typique aux flappers apparaîtra vers 1925 : cheveux courts, jupes de collégiennes, souliers plats, bijoux de toc, chapeaux cloches, la taille et la poitrine libérées de toutes contraintes, sans oublier la cigarette et le maquillage (surtout sur les lèvres et autour des yeux). Les premiers films de flappers surgissent vers 1925, avec Colleen Moore en tête. Clara Bow allait suivre rapidement, tout comme la débutante Joan Crawford, sans oublier la québécoise Pauline Garon ! Musicalement, le jazz, déjà présent au début de la décennie, éclate avec l’apparition, en 1925, des disques enregistrés avec des microphones, faisant croître la qualité sonore des 78 tours. Louis Armstrong, sortant de l’orchestre de King Oliver, devient une vedette, alors qu’éclate le musicien de jazz le plus cinglé du temps : Jelly Roll Morton. C’est aussi en 1925 qu’apparaît le Charleston, la danse qui libérait les danseuses d’avoir un partenaire. Le shimmy s’impose aussi, tout comme le Black Bottom. Les flappers sont présentes dans les chansons du temps. Il fallait sortir, danser, boire de l’alcool, flirter, fumer, s’amuser et que cela ne cesse jamais ! Je ne prétends pas que toutes les jeunes femmes nord-américaines agissaient de la sorte. Cependant, que l’industrie cinématographique, de la mode vestimentaire et celui de la musique s’y soient alors penché avec tant d’insistance indique clairement que le mouvement flapper n’était pas un fait isolé. Ci-haut : une photo de la chanteuse Vaughn DeLeath, avec son chapeau cloche.
Le mouvement flapper s’est éteint graduellement au cours des années 1930 et 1931. Il était identifié à l’effervescence de la décennie 1920. Or, la grande crise économique qui frappe le monde occidental a certes changé les valeurs de liberté et du « tout est possible » des années 1920. Au point de vue musique, ce qui est identifié aux années 1920 (Helen Kane, Cliff Edwards, Harry Reser) a du mal à survivre et l’arrivée des films sonores a été fatal pour les vedettes flappers. Maintenant, la jeune femme devait devenir sérieuse et penser avant tout au mariage, d’autant plus que le marché du travail, à cause de la crise, leur était de plus en plus fermé. Le temps de s’amuser avec insouciance était terminé et tout ce qui entourait la jeunesse du temps n’invitait pas tellement à la fête. Les modes féminines sont devenues plus sages et davantage incolores. Les flappers étaient rentrées dans le rang, comme le feront plus tard les jitterbugs, les rockers, les hippies, les punks. La photo ci-haut : l’actrice Clara Bow, qui bougeait sans cesse, représentait on ne peut mieux la flapper des années 1920. Jolie comme un coeur, de plus !
Une belle page couverture pour la catalogue 1925-1926 du grand magasin Dupuis, de Montréal. Voici une partie de la mode féminine et masculine, sans oublier l'enfant.
Un très petit casse-croûte, ne pouvant recevoir que trois clients au comptoir. Le tout me paraît établi dans une roulotte, peut-être un camion. Une photo de 1939.
Bien que tout ceci se déroule dans le confort d'un studio de photographe, la mise en scène laisse deviner une température incertaine de printemps ou d'automne, tant l'enfant est chaudement vêtue, au même point que sa poupée.
Une feuille de musique de 1925 et une tranche de réalité sociale de l'époque et même de la précédente. Les enfants de riches se devaient de se comporter rigoureusement en public. Celle qui est ici en vedette regarde avec envie les "petites filles pauvres" qui dansent, s'amusent, ont un chien. Belle illustration !
La pire chose qui pouvait arriver en Angleterre, en 1964 : être policier, puis être adolescente. Grands problèmes nerveux en perspective ! Voici une scène typique de la Beatlemania. Il y a eu des centaines de photos semblables et... Non ? Non, car on peut y voir quelque chose de différent, en fermant les yeux sur les cris des filles et les prières des policiers : l'adolescente derrière, dans le coin droit, semble trouver tout ça très drôle !
Une petite exposition agricole, à Montmagny, en 1948, dans un décor champêtre. On voit surtout la grande roue, mais aussi beaucoup de tentes, pour des petits manêges et divers spectacles.
En 1913, une compagnie de savon de Montréal propose cette jolie publicité, où une maman radieuse donne le bain à son bébé, accompagnée par ses deux filles et son chien. Jolies couleurs vives !
Une petite voiture de tramway, à traction chevaline, dans les rues de Montréal, à la fin du 19e siècle. Ce qui m'impressionne surtout, ce sont les lourds manteaux de fourrure du conducteur et de l'homme qui recueille les sous des gens désireux de monter.
Menue, blonde, chapeau cloche : voilà la mode par excellence de la jeune femme des années 1920. Pauline Garon était une Québécoise, native de Montréal, qui a réussi ce que des milliers d'autres n'ont pu connaître : tourner des films à Hollywood. En vedette seulement dans des productions mineures, mais souvent en bonne position comme actrice de soutient dans des productions plus importantes. Pauline Garon, sans doute à cause de son accent, ne passera pas le cap de l'arrivée du cinéma sonore, ne trouvera que de très petits rôles tout au long des années 1930. Au cours de la décennie précédente, chacun de ses films était accueilli avec une grande ferveur par le public québécois. Le nom de Pauline Garon est aujourd'hui oublié, peu mentionné dans les encyclopédies du cinéma, alors qu'elle fut la première québécoise à goûter à Hollywood. Je me sers de son nom dans mon roman Perles et chapelet, alors que mes personnages Jeanne et Sweetie admirent Pauline.
Mieux qu'une automobile ou un autobus ! Je ne sais pas pourquoi ceux d'en bas sourient, alors que ceux d'en haut ont l'air maussades...
Une carte postale publicitaire au profit d'un établissement de Coney Island, près de New York, sans doute de la décennie 1890. On y mange très bien, on y danse magnifiquement et les plus osées vont se baigner dans la mer.
Le kiosque d'une compagnie d'orangeade, qui existera pendant longtemps, dans le cadre d'une exposition industrielle, en 1926. Parions que les ballons, à l'effigie du produit, étaient de couleur orangée.
Jolie scène estivale du centre-ville de Granby, en 1920, à l'ombre de l'église. La trafic automobile n'était pas encore très lourd...
La fanfare du Sacré-Coeur, de Grand-Mère. Pas de doute que les villes soeurs de Grand-Mère et de Shawinigan regorgaient de fanfares de toutes sortes, au cours des années 1940-50. Il y en avait partout ! Voici des garçons et des jeunes adolescents, posant avec leurs instruments et leurs uniformes. Ils ont cependant oublié de sourire...
Voici un laboureur de 1949 pouvant compter sur une mécanique à la fine pointe du modernisme.
Je crois que l'homme, au premier plan, montre un dessin à la fillette, qui ne semble pas du tout impressionnée, avec son air de demander "Qu'est-ce que tu veux, toi ?" Ce n'est pas la réaction de la femme, au fond. Tout ceci me semble se passer à bord d'un train. J'adore le drôle de petit chapeau de l'enfant !
J'adore les photos de casse-croûtes, surtout ceux avec un comptoir. Ne doutons pas que tous ces messieurs travaillent ensemble et qu'ils profitent d'une pause-café. Chauffeur d'autocars ? Employés du chemin de fer ? Gardiens de sécurité ? Un café, un thé, une pointe de tarte, une bonne cigarette, rien de mieux avant de retourner à leurs tâches.
L'homme de New York est tombé amoureux d'une femme vivant en Californie. Il faut donc traverser le pays en train ! Notez la façon presque désertique et campagnarde pour représenter la Californie. Une belle feuille de musique de 1922.
Brrrr ! Pas chaud ! Celle de gauche sourit tout de même, alors que sa compagne ne prend pas ce risque. Sans doute qu'elles sortaient de l'école.
Voici une photo de ma mère, à 17 ans, en 1941. Elle était de milieu modeste et travaillait comme ouvrière dans une usine de textiles. À l'image de ses soeurs, elle économisait pendant longtemps pour se payer la flatterie par excellence : une séance chez un photographe. Plusieurs de ces photos ont survécu, mais la famille a toujours adoré celle-ci, à cause de la coiffure hollywoodienne, la fleur dans les cheveux, et les teintes ajoutées à la main par le photographe.